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A Bordeaux, cinq hommes jugés coupables après l’incendie de la porte monumentale de la mairie : « J’ai foncé tête basse, j’ai réfléchi à rien »

Les images de flammes de plusieurs mètres de hauteur, dévorant la porte monumentale en bois de la mairie de Bordeaux, ont fait le tour du monde. C’était le 23 mars 2023, en marge de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Parti de la fac occupée, un cortège sauvage avait emboîté le pas à la manifestation déclarée qui venait de se terminer, semant de petits feux sur son parcours.
L’identification des participants s’est avérée complexe. Cinq hommes âgés de 19 à 42 ans, désignés par l’enquête de police et déjà connus de la justice, étaient convoqués ce lundi 11 mars devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour répondre de « dégradations par moyen dangereux » et/ou de « participation à un attroupement formé en vue de la préparation d’un délit ».
Des prévenus qui ne se connaissaient pas vraiment, étaient au mieux des « potes de potes », grisés par l’interdit et par l’alcool et qui nient être les incendiaires. Même les « on va cramer la mairie » et leur variante, « on a cramé la mairie », scandés ou envoyés par message, ne leur apparaissent pas comme une revendication. « Je ne parlais pas en mon nom propre », jure un prévenu.
L’un reconnaît avoir alimenté le feu avec une trottinette, avant de s’accroupir devant pour être pris en photo, comme un chasseur exhibant un trophée. Un autre admet avoir eu « le réflexe » de jeter une poubelle en direction des flammes. « La foule, tout ça, les cris qui allaient avec, j’ai foncé tête basse, j’ai réfléchi à rien. J’avais bu, ça m’a rendu quelqu’un que je ne suis pas », déclare-t-il. A la barre ou dans le box, tous plaident « l’effet de foule ».
« J’ai suivi le mouvement et j’ai été dépassé par les événements », regrette l’un, pour qui « cette réforme, c’était une mèche », une étincelle, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les drogues, l’alcool, son passé d’enfant placé, négligé, violé, l’errance, la précarité, seraient l’explication de son passage à l’acte. Défendu par Me Etienne Bouchareissas, il voudrait faire entendre les oubliés, les invisibles, les sans voix.
« C’est de l’hédonisme émeutier qui n’a rien à voir avec la politique », résume le président, Jean-Luc Ybres, limitant toute occasion pour les prévenus de prendre le tribunal pour une tribune. « Je n’ai rien à voir avec ce putain de feu, je ne m’en approche pas et je ne jette rien », rappelle le plus âgé des prévenus, après le visionnage de vidéos de caméras de surveillance ou de films anonymes actés en procédure.
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